Le biomimétisme : la nature, grande inspiratrice face au dérèglement climatique

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Face aux défis liés à l’urgence climatique, il faut trouver des solutions rapides et adaptées. Il est donc logique de chercher des réponses vers le professeur le plus adapté, la nature elle-même. Le biomimétisme s’impose comme une réponse logique et d’une grande simplicité. Cette approche conceptuelle nous amène à observer et reproduire les solutions que la nature à mis en place pour relever les défis auxquels elle faisait face. C’est un formidable processus d’innovation et d’ingénierie. Cette école du vivant est devenue un accélérateur d’innovations, capable d’allier performance et économie de ressources. Elle permet de relever les défis du développement durable.

La peau des requins nous offre un premier exemple de biomimétisme

À l’échelle microscopique, la peau des requins nous offre un premier exemple. Ses micro-dentelures repoussent les microorganismes et fluidifient les échanges avec l’eau. En s’inspirant de cette technique pour nos bateaux ou encore nos surfaces urbaines, les structures créent deviennent des revêtements autonettoyants et économes en énergie. Plus spectaculaire encore, la toile d’araignée. Ce réseau de fils est à la fois incroyablement fin et pratiquement indestructible. Il a inspiré des matériaux composites d’une solidité impressionnante aussi bien dans l’aéronautique que dans le secteur automobile.

De multiples applications possibles

Le biomimétisme est utilisé aujourd’hui dans les secteurs les plus exigeants. Dans l’industrie automobile par exemple, Mercedes-Benz a façonné sa Bionic Car en s’inspirant du poisson-coffre. Il ont ainsi créé une coque légère avec une ligne lisse et une stabilité à toute épreuve pour optimiser l’aérodynamisme. En parallèle, dans le milieu de la haute couture, des expérimentations sont en cours pour créer des tissus “vivants”. Ceux-ci, à base de mycélium de champignons ou de fibre d’algues, imitent la feuille de lotus pour repousser les taches et se nettoyer sous la pluie. Le luxe n’est plus la vision de l’excès. Il est devenu un moyen d’innover et de trouver des solutions en cohérence avec l’environnement et l’humain. Des recherches existent également pour créer des tissus qui se réparent, se soignent tout seuls. Cette technologie appelée Nano Cure Tech permet aux vêtements de “cicatriser”.

Les termitières africaines inspirent l’architecture

L’architecture est également un domaine à forte expansion du biomimétisme. Les termitières africaines par exemple, sont un exemple d’architecture thermorégulé. Sans aucune climatisation, elles maintiennent une température constante malgré des écarts extrêmes. Aujourd’hui, des bâtiments contemporains reprennent ce principe pour créer des circulations d’air et réduisent ainsi de plus de 80 % les besoins énergétiques en chauffage ou en climatisation. Il y a aussi les toitures végétalisées qui exploitent quant à elles l’évapotranspiration des plantes pour rafraîchir naturellement les immeubles. Cela permet également de créer des îlots de biodiversité en ville.

Le transport connait aussi sa révolution biomimétique

Le domaine du transport n’est pas en reste. Responsable d’un quart des émissions globales de CO₂, il connaît lui aussi une révolution biomimétique. Les carrosseries inspirées de la carapace des coléoptères, les ailes aéronautiques calquées sur le vol des rapaces, les structures internes imitant la porosité des os. Chaque détail vise à alléger les véhicules et à maximiser l’autonomie. Des prototypes vont même jusqu’à adopter des écailles articulées, à la manière d’un poisson, pour adapter la forme du véhicule aux conditions atmosphériques.

Comment le biomimétisme inspire l’agriculture ?

L’agriculture et alimentation explorent elles aussi ce champ d’innovation. Prenons l’exemple des racines de plantes désertiques, capables de capter l’humidité de l’air qui ont inspiré des systèmes de brumisation pour irriguer sans gaspiller. L’enchevêtrement naturel des bambous guide la conception de structures modulaires en bois lamellé-collé, à la fois rapides à construire et issues de ressources renouvelables. Dans les élevages, imiter la ventilation des termitières améliore le confort animal tout en diminuant la facture énergétique.

L’innovation la plus efficace n’est pas toujours la plus complexe

Le biomimétisme repense entièrement nos modes de production. À l’image d’un écosystème forestier, où chaque déchet organique nourrit un autre être vivant, certaines usines circulaires s’organisent de manière systémique. Les résidus d’un processus servent de matière première à un autre. Cette logique « zéro-déchet » n’est pas un fantasme. Elle se traduit déjà par des ateliers où le rebut d’une ligne d’assemblage redevient des ressources.
Finalement, le biomimétisme nous rappelle que l’innovation la plus efficace n’est pas toujours la plus complexe, mais souvent la plus humble. Les solutions qui permettent d’être autonome en ressources et qui ne laissent pas la place au déchet, comme le fait la nature.

Alors que le dérèglement climatique nous oblige à trouver des solutions d’urgence, cette école du vivant nous livre des réponses à la fois économes, adaptables et esthétiques. Le défi n’est plus de forcer la nature à suivre nos règles, mais de la laisser nous enseigner. Au bout du compte, les véritables maîtres-d’œuvre sont ceux qui écoutent d’abord le vivant.

Article SUPERCRITIC publié le 25 mars 2025, mis à jour le 21 juin 2025

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